Interview exclusive avec le nouveau champion de l'Hérault !

Publié le 17/10/2022


- Raconte-nous un peu ton parcours aux échecs …

J’ai commencé les échecs en 2017 mais cette année-là je ne prenais pas de cours, je jouais un peu avec ma famille.

En 2017 j’ai acheté un échiquier à mon père pour son anniversaire. Pendant un an, on jouait ensemble des parties de temps en temps. Mais il me battait tout le temps. Alors je me suis dit : il faut que je regarde des stratégies. J’ai commencé à m’entraîner sur internet, regardé quelques vidéos pour voir comment les gens jouaient. Je jouais un peu en ligne aussi. Puis j’ai voulu me mesurer à des joueurs de club. Je me suis inscrit à l’ECM en 2018 et j’ai commencé à rencontrer de bons joueurs qui m’ont initié, j’ai vu alors que je n’étais pas très bon et que j’avais beaucoup à apprendre. Mais j’aimais bien jouer avec eux. Je revenais au club tous les jours mais je ne gagnais pas une seule partie !

Puis je suis parti trois ans, au club de Lyon. J’ai rencontré des joueurs de très bon niveau avec qui je passais pas mal de temps. J’ai bcp progressé. Le plus compliqué c’était de trouver le temps de faire des tournois lents.

J’ai ensuite commencé à animer des séances d’initiation d'aux échecs ans les écoles, je me suis alors intéressé davantage au jeu et j’ai transmis. Il y a une chose c’est d’apprendre, l’autre c’est de transmettre. J’ai toujours valorisé le fait de retransmettre aux autres. Et cela m’a motivé; je me suis dit que plus je serai fort et plus je saurai transmettre. 

- Comment tu t’entraînes ?

Avant d'atteindre le pallier de 2000 elos, le plus important c’est la tactique.  Il faut faire des problèmes d’échecs et essayer de mieux calculer. Je fais tous les jours un peu de calcul, dans les transports ou autre, dès que j’ai cinq minutes. Je joue en ligne aussi mais ça ne remplace pas les vrais tournois. Il faut être actif aussi à l’extérieur. »

- Comment cela s’est passé pour le Championnat de l’Hérault ?

Je n’avais presque aucune expérience des tournois. Je n’avais fait que deux tournois : le championnat de l’Hérault en 2018, auquel j’étais inscrit en open B et je n’avais alors fait qu’un point et demi ! Puis j'ai fait un autre tournoi à Lyon.

Quand je me suis inscrit au championnat départemental cette année, j’ai insisté pour participer à l’open A même si je n’avais pas tout à fait les 1700 élos requis car je savais que mon niveau réel était au-dessus. Mon classement venait du fait que je n’avais presque pas réalisé de tournoi. J’étais donc classé 25e sur 26 au départ. Mais j’ai décidé de jouer de cette situation. Car les joueurs pouvaient considérer que j’avais un faible niveau, s’il se référaient à mon classement, et ils pouvaient imaginer trouver des avantages facilement contre moi, ce qui n’a en fait pas été le cas.

Dans ma dernière partie, Roland Weill a sacrifié une pièce. Mais je me suis rendu compte qu’il ne pouvait a priori pas gagner, mais seulement faire des échecs perpétuels. Il a voulu continuer car il pensait que vu notre différence de niveau, il pouvait être sûr de gagner. Il a refusé la nulle et a continué à jouer. Je lui ai pris une tour dans la foulée…

Je n’avais jamais participé à un tournoi de cette envergure. Et c’était osé de m’inscrire dans l’open A. Mais au final j’ai été très ému car cela récompense les efforts. J’étais étonné mais satisfait. D’autant que les choses s'annoncçaient mal : j’ai perdu ma première partie et que je me suis alors dit que j’allais peut-être perdre toutes mes parties !

- Dans ta manière de jouer, qu’est-ce qui reflète ta personnalité, ton caractère ?

Je ne sais pas car on ne joue pas forcément comme on est en dehors de l’échiquier… Dans la vie je suis plutôt calme et introverti, dans le jeu je suis actif et « j’envoie ». En fait, je suis plutôt à l’opposé de ce que je suis dans la vie…

- Qu’est-ce que tu apprécies le plus dans les échecs ?

La psychologie. C’est pour ça que le jeu en ligne a ses limites...

L’aspect psychologique est très important : c’est comme un combat de boxe. Il s’agit de gagner. Par exemple on voit son adversaire, on peut alors sentir s'il est trop en confiance, et on peut essayer de le piéger…. Il faut s’adapter au profil du joueur qu’on a en face de soi !

Dans ma 4e partie contre Adrien, le soir je me suis dit : ce joueur a un très bon niveau, il doit avoir des coachs, il doit bien connaître les ouvertures, il doit être plus fort que moi là-dessus. Si je joue comme d’habitude, il va être trop à l’aise. Je dois essayer de le surprendre. J’ai donc joué la partie du centre, ouverture moins connue. Il a bien géré les premiers coups mais à un moment il a pris une mauvaise décision. Et j’ai pu en profiter car je connaissais plus de coups de cette ouverture. Si j’avais choisi une ouverture plus classique, il m’aurait croqué en deux ! Il fallait le sortir de sa zone de confort...

- Maintenant que tu es champion/championne Hérault, quel est ton prochain objectif ?

Je travaille actuellement dans la grande distribution, donc je travaille parfois le week-end et ce n’est pas facile de se libérer pour les tournois... Autrement, je rêve de participer au championnat de France ! Je n’ai pas encore pu le faire car cela nécessite de se libérer une semaine complète. Mais mon prochain objectif, c’est celui-là !

 

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